Mes voeux les plus chers

Non, nous ne sommes pas encore partis!
Le container, lui, doit quitter aujourd'hui Le Havre. Le papa devrait suivre ensuite dans 19 jours.
Je dis le papa, car c'est le terme que je devrais normalement entendre le plus souvent pour la période à venir.
Il y a une semaine, mon arme de guerre préférée était prête à dégoupiller à 15 jours (Cf. Gamecube, la page précédente du blog). Maintenant, nous sommes à moins 7 jours de l'explosion, de la naissance.

Partir avec les valises comme on part en vacances, comme de jeunes routards-bobos coléreux mais surtout faussement riches partant refaire le monde au bout du monde ?
Partir comme des salariés just-married ou almost-divorced en plein stimuli onirique frappés soudain d'Alzheimer quant au crédit dispendieux consenti pour le voyage ?
Partir comme des retraités hyperactifs à la jovialité excessive, perfusés au Prozac fuyant un pavillon de banlieue déjà payé ?

Non! Notre migration se devait d'être épique, à la hauteur de nos ambitions poético-romantico-gynéco-aventureuses. Une Odyssée digne d'un Ulysse en vadrouille, une quête sans le Graal, ni l'Anneau, mais avec des épreuves incertaines et des rites de passage kanak, des séparations affectives comme dans Koh Lanta, la desperated recherche de la bonne occas' immobilière au pays de la Case, un flight-cruise-road-movie sans Thelma et Louise mais avec Tuyet, Clara et ... un nouveau-né pour le prochain Noël austral, comme dans la Bible !

Tout est prêt ! Reste la star naissante qui tarde à faire son entrée ou plutôt sa sortie.
Si tout se passe bien, ce sera pour la semaine prochaine, ensuite il me restera à peine deux semaines pour finir d'organiser le rapatriement du "convoi familial" avec l'aide du beau-frère, en septembre, quand le nourrisson pourra supporter les 30 heures des deux longs courriers.
Presque trois mois de séparation, voilà une vraie épreuve pour notre famille, pour notre couple. Et ça c'est super chouette!
Sans tomber dans les excès de "l'île de la tentation", tout couple devrait connaître ce type d'initiation afin de juger de la solidité des liens qui les unissent. Trop de couples sont sur le mode fonctionnaire.

Moi, vivant, je veux que, seule, ma feuille de salaire garantisse ce statut de serviteur étatique, mais surtout pas mes actes, mon comportement, ni mes choix.

Je veux une fin de carrière exemplaire, rose comme la ponte des coraux dans le bleu du lagon, vigoureuse comme la liane Allamanda à grandes fleurs jaunes, je veux un tourbillon d'ingrédients surprenants et rares comme l'essence du bois de santal calédonien afin d'épicer une condition de fonctionnaire établie, trop établie.

La maison est quasi-vide, deux matelas posés à même le sol, la cuisine encore toute équipée avec toutes ses casseroles, la tondeuse en réparation, le son d'une télé prêtée, des dessins animés en boucle qui résonnent, qui ne meublent que l'attente et qui divertissent Clara ... qui a la varicelle depuis 4 jours!