dimanche 3 juin 2012

GAMECUBE

 

Ce qui n'a pas été vendu, donné, jeté, détruit, et qui continuait à nous encombrer a enfin été expulsé des 150m2 de notre maison!
150m2 compressés dans 30m3!

Sachant qu'un ménage moyen accumule tant de m3 par an et par personne ....
Sachant qu'une des personnes qui constitue le ménage a déjà 16 déménagements à son actif et deux divorces qui l'ont soulagé bien à propos, et qu'un premier devis calculé à 28m3 optimistes et un autre à 41m3 plus réalistes ... comment faire pour loger tous ces postulats dans un conteneur limité à 30m3?
D'abord revoir à la baisse ces ambitions ... revoir le casting des meubles et leur dire gentillement que tous ne pourront voyager.
A 500€ le m3 supplémentaire, le calcul est vite fait, les meubles en osier à faible valeur commerciale ne seront pas de la partie. Reste tout de même 35m3!

Mon tempérament optimiste exclue le pessimisme du devis réaliste et organise une chasse intense à tout volume aérien non occupé. Gaspillage volumétrique et compression seront mes obsessions durant 48h.
J'aurai en fait beaucoup moins de temps pour m'organiser!

Ils devaient arriver vendredi à 8h, ils seront là, la veille, jeudi à 15h!
3 gaillards entourés d'une armée de rouleaux de rubans adhésifs, d'immenses rouleaux de papier bulle, de cartons, de feutres marqueurs, moi, seul, finissant de regrouper les objets dans les cantines au mieux, toujours à la chasse au vide.



Je regrette déjà mes scores médiocres au Tétris!
Chaque caisse à remplir nécessite une concentration de tous les instants pour trouver au mieux une place pour cette lampe dont on regrette soudain le design , pour ce livre format poche, cet autre au format broché, le livre aussi Barbapapa au format ... Barbapapa, tarabiscoté.
Les sacs de rangements sous vide trouvent ici toute leur utilité surtout quand il faut expatrier le zoo, la ménagerie, toute l'Arche de Clara. Compressés, à travers le plastique transparent, les animaux en peluches, l'air de rien,  perdent toute contenance, aspirés par la gueule d'un boa aspirator, ils ne forment plus qu'un amas de mousse, fusionnés entre eux comme dans un horrible cauchemar avec des yeux surgissant de-ci, de-là.

Comme au Tétris, le chrono tourne.
Je les entends emballer, scotcher, porter, remplir le conteneur, faire, eux aussi leur Tétris!
Ils sont trois, des pros, ils vont vite car demain, c'est vendredi et ils veulent finir au plus tôt avant le week-end et que surtout 30 ou 35m3, ils s'en fichent, ils seront payés pareil, les 2500€, c'est pour la pomme du bourgeois!


Ralentir leur avancée avec le reste de la Clairette de Die du pot de départ, leur laisser le démontage des meubles, donner un coup de pied dans leur outils et les voir glisser sous l'armoire, leur proposer une récréation aquatique dans la piscine, rajouter l'emballage laborieux des verres en cristal, même si on s'en fiche des verres en cristal à Nouméa, demander aussi et encore au chef d'équipe d'assurer la protection de tous les grands cadres photos et s'assurer de la montée de son agacement sur son visage.
Le répit arrive enfin à 18h, jeudi. Le théâtre des opérations sera désert jusqu'à demain 8h.
Je consolide mes positions stratégiques en assurant le dernier et le premier quart de garde, couché à 1h, je m'accorde juste 4h de repos guerrier, et rattaque à l'aube, à 5h, 3h avant la reprise des hostilités.
Le soleil est déjà haut, 21°c à 8h, on se croirait là-bas, en Nouvelle-Calédonie.
Ils arrivent à 4 cette fois-ci, un équatorien est venu renforcé leur troupe.
La dernière bataille s'annonce rude, mes ultimes munitions alcoolisées sont déjà au frais, j'ai obstrué durant la nuit l'entrée du garage avec une barricade de cartons et d'objets divers à emballer.
Ils n'ont encore rien vu, ils ont l’Équatorien, moi, j'ai l'arme fatale, la Vietnamienne, mais pas n'importe quelle Vietnamienne, une Vietnamienne enceinte jusqu'au cou, ma femme qui doit accoucher dans deux semaines!
D'instinct comme aux meilleures heures de Diên Biên Phu, elle slalome entre les cartons armée d'un énorme plateau d'excellents macarons dont la succulence servi par un physique bien rebondi de future mère finissent par ramollir la vigueur des guerriers. 
La diversion parfaite m'octroie un bonus de temps et je finis en vainqueur mon premier Tétris.
Je savoure ma victoire une coupe de Clairette encore fraîche dans la main, surveillant la finalisation pénible et suante de leur gros Tétris.

Il est 13h, 28°C, les 35m3 ont été glissé dans le four qui devrait continuer à monter en température sur le bateau au passage de l'équateur, vers le canal de Panama ...


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